Introduction à l'Informatique

Cours 2

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Gestion des processus

Définitions

Programme
séquences d'instructions effectuant une tâche sur un ordinateur.

Exécutable
fichier binaire contenant des instructions machines interprétables par le microprocesseur.

Processus
instance d'un programme (≡ « un programme en cours d'exécution »).

Exécuter un programme ?

Pour exécuter un programme on peut

Le programme s'exécute… oui mais comment ?

Microprocesseur

Modèle de Von Neumann

Proposé par John Von Neumann en 1945

Un processeur

De la mémoire

Des périphériques d'entrée/sortie

Jeu d'instructions

Un processeur est un circuit programmable. Il sait exécuter un certain nombre d'opérations (arithmétiques, logiques, lecture/écriture en mémoire, …).

L'ensemble de ces instructions s'appelle le jeu d'instruction

Chaque instruction possède une représentation en binaire (suite de 0 et de 1)

Par exemple, sur les processeur Intel, 01101001 représente la multiplication

Mémoire et registre

Fonctionnement de l'architecture de Von Neumann

  1. L'unité de contrôle lit en mémoire la prochaine instruction et la décode (ex: 01101001 = multiplier)
  2. Si besoin les opérandes sont stockées dans des registres
  3. L'ALU effectue l'opération et sauve le résultat dans un nouveau registre (opération arithmétique)
  4. Ou le processeur copie un registre dans la mémoire (opération d'écriture)
  5. PC se positionne sur l'adresse de l'instruction suivante, et on recommence en 1

Et donc quand on exécute un programme ?

Un fichier exécutable est un fichier contenant des instructions machines (comme 01101001).

Lorsqu'on l'exécute :

  1. Le système d'exploitation lit le fichier, il le copie dans une zone de la mémoire
  2. Il copie l'adresse du début de la zone dans PC

Plusieurs processus ?

Le modèle de Von Neumann seul ne permet pas d'exécuter « plusieurs programmes à la fois »

Les processeurs modernes possèdent aussi des alarmes configurables

Le système d'exploitation configure une alarme pour interrompre le processeur toutes les X㎲

Lors de cette interruption une portion de code spéciale est exécutée : le gestionnaire de processus

Exemple

  1. Exécution d'un jeu pendant 50㎲
  2. Interruption : le code spécial sauvegarde les registres et l'état du processeur, puis restaure les registres d'un autre programme (par exemple firefox)
  3. Exécution de firefox pendant 50㎲
  4. Interruption : sauvegarde des registres puis, restauration de l'état d'un autre programme
  5. Exécution du processus qui dessine le bureau pendant 50 ㎲
  6. On remets dans les registre toutes les valeurs sauvées en 2, le jeu reprend comme si de rien n'était

C'est le ordonanceur de processus qui décide quel programme a la main et pour combien de temps (priorité aux tâches critiques par exemple)
Le système d'exploitation stocke pour chaque processus un ensemble d'informations, le PCB (Process Control Block).

Proccess Control Block

Le PCB contient:

Opérations sur les processus

États d'un processus

Un processus change d'état au cours de son exécution

Nouveau le processus est en cours de création
Exécution le processus s'exécute
En attente le processus attend un évènement particulier (saisie au clavier, écriture sur le disque, …)
Prêt le processus est prêt à reprendre son exécution et attend que l'OS lui rende la main
terminé le processus a fini son exécution

États d'un processus

L'OS détermine et modifie l'état d'un processus:

États d'un processus

La commande ps

Permet d'avoir des informations sur les processus en cours d'exécution (voir « man ps » pour les options):
$ ps -o user,pid,state,cmd x USER PID S CMD … kim 27030 Z [chrome] <defunct> kim 27072 S /opt/google/chrome/chrome --type=renderer kim 29146 S bash kim 29834 S evince kim 29858 S emacs cours.xhtml kim 29869 R ps -o user,pid,state,cmd x

États des processus (sous Linux)

R Running (en cours d'exécution)
S Interruptible sleep (en attente, interruptible)
D Uninterruptible sleep (en attente, non-interruptible)
T Stopped (interrompu)
Z Zombie (terminé mais toujours listé par le système)

Signaux

L'OS peut envoyer des signaux à un processus. Sur réception d'un signal, un processus peut interrompre son comportement normal et exécuter son gestionnaire de signal. Quelques signaux:

Nom Code Description
INT/TERM 2,15 demande au processus de se terminer
QUIT 3 interrompt le processus et produit un dump
KILL 9 interrompt le processus immédiatement
SEGV 11 signale au processus une erreur mémoire
STOP 24 suspend l'exécution du processus
CONT 28 reprend l'exécution d'un processus suspendu

Processus et terminal

Un processus est lié au terminal dans lequel il est lancé. Si on exécute un programme dans un terminal et que le processus ne rend pas la main, le terminal est bloqué $ gedit On peut envoyer au processus le signal STOP en tapant ctrl-Z dans le terminal: $ gedit ^Z [1]+ Stopped gedit Le processus est suspendu, la fenêtre est gelée (ne répond plus).

Processus et terminal

On peut reprendre l'exécution du programme de deux manières:

$ fg Reprend l'exécution du processus et le remet en avant plan (terminal bloqué)


$ bg Reprend l'exécution du processus et le remet en arrière plan (terminal libre)
On peut lancer un programme directement en arrière plan en faisant:
$ gedit &
On peut envoyer un signal à un processus avec la commande « kill [-signal] pid »
$ kill -9 2345

Processus et entrées/sorties

Le terminal et le processus sont liés par trois fichiers spéciaux:

  1. L'entrée standard (stdin), reliée au clavier
  2. La sortie standard (stdout), reliée à l'affichage
  3. La sortie d'erreur (stderr), reliée à l'affichage

Dans le shell, on peut utiliser les opérateurs <, > et 2> pour récupérer le contenu de stdin, stdout et stderr:
$ sort < toto.txt $ ls -l > liste_fichiers.txt $ ls -l * 2> erreurs.txt

Shell et entrées/sorties

Dans le shell, l'opérateur | permet d'enchaîner la sortie d'un programme avec l'entrée d'un autre:
$ ls -l *.txt | sort -n -r -k 5 | head -n 1

  1. affiche la liste détaillée des fichiers textes
  2. trie (et affiche) l'entrée standard par ordre numérique décroissant selon le 5ème champ
  3. affiche la première ligne de l'entrée standard
-rw-rw-r 1 kim kim 471 Sep 14 16:25 bd.txt -rw-rw-r 1 kim kim 234 Sep 15 17:46 foo.txt -rw-rw-r 1 kim kim 1048576 Sep 24 09:20 large.txt -rw-rw-r 1 kim kim 1048576 Sep 24 09:20 large.txt -rw-rw-r 1 kim kim 471 Sep 14 16:25 bd.txt -rw-rw-r 1 kim kim 234 Sep 15 17:46 foo.txt -rw-rw-r 1 kim kim 1048576 Sep 24 09:20 large.txt

Fonctionnement des redirections

cmd < fichier
fichier est ouvert en lecture avant le lancement de cmd, le contenu est redirigé vers l'entrée standard de cmd.
cmd > fichier
fichier est ouvert en écriture avant le lancement de cmd. Si fichier n'existe pas il est créé. S'il existe il est tronqué à la taille 0. La sortie standard de cmd est redirigée vers fichier.
cmd >> fichier
fichier est ouvert en écriture avant le lancement de cmd. Si fichier n'existe pas il est créé. S'il existe, le curseur d'écriture est placé en fin de fichier. La sortie standard de cmd est redirigée vers fichier.
cmd 2> fichier
Comme > mais avec la sortie d'erreur
cmd 2>> fichier
Comme >> mais avec la sortie d'erreur

Attention à l'ordre d'exécution !

Quelques exemples de commandes problématiques :

$ sort fichier.txt > fichier.txt

fichier.txt devient vide ! Il est ouvert en écriture et tronqué avant l'exécution de la commande.

$ sort < fichier.txt > fichier.txt

fichier.txt devient vide ! Il est ouvert en écriture et tronqué avant l'exécution de la commande.

$ sort < fichier.txt >> fichier.txt

fichier.txt contient son contenu original, suivi de son contenu trié !

$ cat < fichier.txt >> fichier.txt

fichier.txt est rempli jusqu'à saturation de l'espace disque !

Quelques explications (1/2)

La commande sort doit trier son entrée standard. Elle doit donc la lire intégralement avant de produire la moindre sortie. Pour

$ sort < fichier.txt >> fichier.txt

on a donc :

  1. Ouverture de fichier.txt en lecture
  2. Ouverture de fichier.txt en écriture, avec le curseur positionné en fin
  3. Lecture de toute l'entrée
  4. Écriture de toute la sortie en fin de fichier.txt

Quelques explications (2/2)

La commande cat ré-affiche son entrée standard sur sa sortie standard. Elle peut donc lire le fichier morceaux par morceaux et les afficher au fur et à mesure. Supposons que fichier.txt contient AB :

$ cat < fichier.txt >> fichier.txt
  1. Ouverture de fichier.txt en lecture
  2. Ouverture de fichier.txt en écriture, avec le curseur positionné en fin
  3. Lecture de A (et positionnement du curseur de lecture sur B)
  4. Écriture de A en fin de fichier fichier.txt
  5. Lecture de B (et positionnement du curseur de lecture sur A)
  6. Écriture de B en fin de fichier fichier.txt
  7. Lecture de A (et positionnement du curseur de lecture sur B)
  8. Écriture de A en fin de fichier fichier.txt

Conseils…

On évitera toujours de manipuler le même fichier en entrée et en sortie. Il vaut mieux rediriger vers un fichier temporaire, puis renommer ce dernier (avec la commande mv).

Enchainement de commandes et code de sortie

Sous Unix, chaque commande renvoie un code de sortie (un entier entre 0 et 255).

Par convention, un code de 0 signifie terminaison normale, un code différent de 0 une erreur. On peut enchaîner des commandes de plusieurs façons :

cmd1 ; cmd2
cmd2 est exécutée après cmd1
cmd1 && cmd2
cmd2 est exécutée après cmd1 si cette dernière réussit (code de sortie 0)
cmd1 || cmd2
cmd2 est exécutée après cmd1 si cette dernière échoue (code de sortie différent de 0)

La commande test

La commande test permet de tester des conditions sur les fichiers passés en arguments.

Si le test est vrai, la code de sortie est 0, sinon c'est 1

Les options permettent de spécifier les tests.

La commande test (exemples)

L'option -f permet de tester si un fichier existe : $ test -f toto.txt La commande sort avec le code de sortie 0 si le fichier toto.txt existe et 1 sinon.
Comment s'en servir ?

$ test -f toto.txt && echo "Ok" || echo "Pas ok"

La commande affiche "Ok" si le fichier existe et "Pas ok" sinon.

Script shells

Retour sur les exécutables

On a vu qu'un fichier exécutable est censé contenir des instructions machines.

Un humain ne peut pas écrire directement des instructions machines en binaire.

  1. On peut utiliser un compilateur : Un programme qui transforme un fichier texte contenant le code source d'un programme (par exemple en C++) en instructions machines. (cf. les futurs cours d'Intro Prog Impérative).
  2. On peut aussi utiliser un interpréteur : Un progamme qui lit des instructions dans un fichier texte et les exécutes.

Exécutables pour langages interprétés

Est-il possible d'écrire des programmes en shell ou en Python et d'en faire des fichiers exécutables ?

Oui !

On procède de la façon suivante

  1. On crée un fichier texte (ex: test.sh) contenant le code dans le langage choisi (par exemple le shell)
  2. On indique en début de fichier un commentaire spécial (appelé shebang) : #!/bin/bash Cette ligne commence par #! est suivie du chemin vers le programme qui interprète le langage (bash, python3, …)
  3. On rend ce fichier exécutable. On peut ensuite l'exécuter. $ chmod 755 test.sh $ ./test.sh

Que fait le système d'exploitation ?

Lorsque l'on essaye d'exécuter une commande :

Script Shell

On peut utiliser cette fonctionalité pour écrire des scripts shell.

Définitions de variables

On peut définir des variables au moyen de la notation VARIABLE=contenu et on peut utiliser la variable avec la notation $VARIABLE

i=123 j="Ma super chaine" TOTO=titi echo $TOTO

exemple d'utilisation: echo $j $i $TOTO
affiche « Ma super chaine 123 titi »

Variables spéciales

Les variables $1, $2, … contiennent les arguments passés au script sur la ligne de commande.

La variable $0 contient le chemin vers le script en cours d'exécution

Attention, il est recommandé de toujours encadrer l'utilisation d'une variable par des guillemets "

Conditionnelle

La syntaxe est : if commande then ... else ... fi commande est évaluée. Si elle se termine avec succès, la branche then est prise. Si elle se termine avec un code d'erreur, la branche else est prise. On peut utiliser la commande test qui permet de tester plusieurs conditions (existance d'un fichier, égalités de deux nombres, ...) et se termine par un succès si le teste est vrai et par un code d'erreur dans le cas contraire

Exemple de script

On est dans le fichier backup.sh :

#!/bin/bash INPUT="$1" if test -f "$INPUT" then cp "$INPUT" "$INPUT".bak echo "Sauvegarde du fichier $INPUT réussie" else echo "Erreur, le fichier $INPUT n'existe pas" fi

On suppose que le script possède les bonnes permissions, qu'il se trouve dans le répertoire courant, et qu'un unique fichier doc.txt se trouve dans ce même répertoire

$ ./backup.sh doc.txt Sauvegarde du fichier doc.txt réussie $ ls backup.sh doc.txt doc.txt.bak $ ./backup.sh toto.txt Erreur, le fichier toto.txt n'existe pas

Conclusion